Un plan d'urgence numérique pour la cité éducative

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La crise sanitaire a touché de plein fouet le quartier politique de la ville du Mont-Mesly de Créteil, qui regroupe les populations les plus fragiles. Les jeunes et leurs familles se sont retrouvés démunis durant le confinement et la fracture numérique est apparue béante, injustement discriminante, notamment dans le cadre des apprentissages scolaires.

 

La crise sanitaire a touché de plein fouet le quartier politique de la ville du Mont-Mesly de Créteil, qui regroupe les populations les plus fragiles. Les jeunes et leurs familles se sont retrouvés démunis durant le confinement et la fracture numérique est apparue béante, injustement discriminante, notamment dans le cadre des apprentissages scolaires.

Face aux appels à l’aide de nombreux habitants, La cité éducative du Mont-Mesly s’est immédiatement mobilisée afin de maintenir le lien entre l’école de la République et les enfants du territoire. L’enjeu était de taille – et le demeure encore – puisqu’il fallait continuer à faire vivre au travers de l’école la promesse d’égalité au cœur du pacte républicain, mis à mal par la COVID19.

Le cadre de la cité éducative a été précieux pour prendre la mesure de l’urgence et coordonner la réaction. Les habitudes d’échanges entre les acteurs de l’éducation nationale, de la ville et de la préfecture, la connaissance parfaite du territoire, mais aussi le schéma de gouvernance installée pour diriger la cité éducative, ont été des outils performants.

L’ensemble du personnel de l’éducation nationale a été mobilisé : chefs d’établissement et directeurs d’école en première ligne, coordonnateur REP, enseignants, assistants sociaux, inspecteur de l’éducation nationale… mais aussi les services municipaux en contact étroit avec les établissements scolaires. Les acteurs du programme de réussite éducative (PRE) se sont massivement impliqués pour le repérage des familles en risque de rupture scolaire. Ainsi, la complémentarité s’est installée entre les actions de l’éducation nationale et de la ville de Créteil, élargies à tous les acteurs que sont la préfecture, le département ou encore le tissu associatif.

Ce travail collaboratif a conduit à la réorientation de certains crédits alloués à la cité éducative du Mont Mesly pour l’achat de 240  tablettes numériques pour  les élèves des écoles et des collèges. Trente ordinateurs portables ont été également fournis par notre partenaire de terrain Emmaüs Connect, qui a fourni des clés 4G à des élèves du collège Amédée Laplace sur sollicitation du service social de la DSDEN dans le cadre de l’opération #connexion d’urgence. Aussi, les équipements socio-culturels du quartier ont pu doter plusieurs familles d’ordinateurs suite au don d’une entreprise mécène.

Cependant, si la fracture numérique s’exprime par l’absence de matériels informatiques au sein des foyers situés en QPV, elle est d’autant plus significative que les familles n’ont pas la maîtrise de ces outils et ne peuvent aider leurs enfants, notamment ceux scolarisés en maternelle ou en primaire, moins autonomes que les collégiens ou qui n’avaient tout simplement pas encore eu le temps d’être formés par leurs enseignants dans le cadre des programmes scolaires.

Un plan de formation a donc été construit par l’un des partenaires de la cité éducative, très engagé pour l’encadrement et la réussite des jeunes en fragilité, les PEP94 (les pupilles de l’enseignement public), qui, sollicité en urgence grâce au redéploiement des moyens, a proposé son dispositif DECLIC/K.  Ainsi, les familles et les enfants de primaire, dotés des tablettes acquises en urgence par la cité éducative du Mont-Mesly, bénéficient d’une formation technique et citoyenne dans le cadre de l’accompagnement scolaire et de la continuité éducative. Parallèlement, le collège Amédée Laplace, tête de file de la Cité éducative, a proposé aux parents des ateliers de formation aux outils numériques de communication et de partage utilisés par les enseignants, afin qu’ils puissent étayer leurs enfants et suivre leur scolarité. Les démarches administratives en lignes, dont la méconnaissance a fragilisé les familles durant le confinement, sont également abordées, afin de ne laisser personne au bord du chemin. C’est ainsi que, deux heures par semaine, les parents du territoire sont accueillis par la professeure documentaliste et l’assistante sociale du collège pour la prise en main des plateformes collaboratives et des applications administratives.

Il a fallu renforcer en urgence l’accès au numérique dans les quartiers prioritaires quand le confinement a été décrété. Aujourd’hui, il faut continuer à remédier à cette fracture numérique pour réduire les inégalités et restaurer la dignité des familles et des enfants - qui sont un peu les nôtres - dans cet élan solidaire permis par les cités éducatives qui donnent un sens plein et entier aux valeurs républicaines.